mar 02
Pourquoi l’explication évidente de cette amusante coutume est-elle si peu connue ?
L’équinoxe de printemps marque la fin du signe des Poissons et le début de celui du Bélier. La réforme grégorienne a stabilisé l’équinoxe de printemps au 20-21 mars. Jusque là, entre l’imprécision du calendrier julien, les complexités de la précession des équinoxes, les errances de la date de Pâques… et les caprices de la météo, il n’était pas simple de déterminer le début du printemps.
Seule certitude : si, le 1er avril, on prétendait encore être dans le signe des Poissons, c’est qu’il y avait une erreur quelque part… : Poissons d’avril ! (au pluriel).
le 4 mars 2005 à 8:17
Je trouve en effet que sortir du signe du poisson au moment du printemps est d’une drôlerie irrésistible et mérite bien qu’on fasse des blagues. Pour ma part, je pratique même la “balance d’octobre” ou le “capricorne de janvier”
La vérité est que ni vous, ni moi, ni personne ne connaît pour l’instant l’origine exacte du poisson d’avril. Ce que vous présentez comme une “explication évidente” ne l’est que pour vous et n’est qu’une hypothèse avancée depuis longtemps parmi tant d’autres et rarement retenue.
Comme les Allemands parlent d’Aprilscherz et les Anglais d’April Fool’s sans aucune référence au(x) poisson(s), l’hypothèse que vous avez retenue suppose que la tradition du premier avril serait d’origine française. Quelles sont vos sources à ce sujet ? Et que cette tradition serait postérieure à 1582. Quelles sont vos sources ?
Pour ma part, comme je n’explique pas tout par les solstices et les équinoxes dont le commun des mortels de maintenant ou de bien avant n’avait rien à faire, je retiens une autre hypothèse. Et je me garderai bien d’affirmer que c’est la bonne.
Ce “poisson” viendrait de Peissoun qui a donné paisson puis pâture. Le droit de paisson ou “vaine pâture” était un droit donné aux paysans de faire paître leurs bêtes dans les bois ou sur les terres débarrassées des cultures de septembre à fin mars. Pour être précis sans pour autant entrer dans le détail, il y a une légère différence entre paisson et “vaine pâture” mais elle ne change rien au principe.
C’est ainsi qu’on peut lire dans le texte d’un juriste nivernais (Guy Coquille) datant de 1607 : “prez en prairie sont abandonnez en vaine pasture, depuis que l’herbe fauchée est dehors, jusques à la feste nostre Dame de Mars.”
Avec autorisation du seigneur, il pouvait une avoir des “prolongations”, une arrière paissoun, une paissoun d’avril.
Et, blagueurs, certains paysans faisaient croire à leurs voisins qu’il y avait paissoun d’avril alors qu’il n’en était rien. Et ces voisins crédules partaient faire pâturer leurs bêtes pour rien ou pour se faire engueuler.
Ce paissoun d’avril serait devenu le poisson d’avril.
Cette hypothèse serait due à Mistral. Je ne sais pas si elle est fondée mais je la trouve plus agréable à croire que cette histoire de zodiaque à dormir debout.
le 4 mars 2005 à 9:07
Merci beaucoup pour votre explication.
Pour moi, la source principale, c’est le “midrach d’Esther” dont j’ai rendu compte en
http://www.col.fr/article.php3?id_article=541
Ce texte doit dater du haut Moyen Age. On y voit le méchant Aman fixer la date de la fête juive de Pourim dans le mois (lune) d’Adar et sous le signe des Poissons (”Daguim”, au pluriel, en hébreu. “Dag”, DG, c’est le poisson. Dans l’histoire de Jonas, la baleine est une “poissonne”, au féminin, “Dagah”).
L’oubli de l’hébreu et la défiance contre le zodiaque assimilé à l’astrologie expliquent selon moi la perte de cette piste, et rendent la vôtre tout aussi acceptable. En ces matières, l’incertitude talmudique est préférable au dogmatisme.