Ralentir, révisionnisme !

Amender, non abroger

Pierre Assouline a bien tort de s’enthousiasmer pour la pétition des historiens demandant l’abrogation, non seulement de l’article 4 de la loi du 23 février 2005, mais aussi de quelques autres : « Rarement un texte de ce genre aura été aussi limpide, sobre, univoque et direct. Ni lyrisme ni langue de bois : l’histoire aux historiens !« 

Depuis quand a-t-on vu qu’une liberté était absolue, et ne s’arrétait pas où commençait celle des autres ? Ne pourrait-on au contraire paraphraser Clémenceau et énoncer que l’histoire est une chose trop sérieuse pour être confiée aux historiens ?

Les lois qui sont visées ont pour but d’apaiser la sensibilité d’une catégorie de la population, blessée de voir ses souffrances, ou celles de ses ancêtres, niées ou minimisées. Elles peuvent, par maladresse, aviver la souffrance d’autres catégories. Il faut dans ce cas les amender mais sûrement pas les abroger, au grand enthousiasme des négationnistes de tout poil.

Dans le cas présent, la mémoire des colonisateurs s’oppose à celle des colonisés. Je propose donc que l’Assemblée amende son texte et demande aux auteurs de manuels scolaires de bien vouloir décrire en détail les aspects « tant positifs que négatifs » de la colonisation.


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Commentaires

Une réponse à “Ralentir, révisionnisme !”

  1. Avatar de Claude Lanzmann
    Claude Lanzmann

    Dans l’éditorial ( des « Temps Modernes », novembre-décembre 2005), Claude Lanzmann critique le manifeste intitulé « Liberté pour l’histoire », signé par nombre d’historiens de renom, réclamant l’abrogation de dispositions législatives votées en 1990, 2001 et 2005, « indignes d’un pays démocratiques » et qui ont « restreint la liberté de l’historien » ( Le Monde du 14 décembre).

    D’accord avec eux pour abroger la récente loi sur les bienfaits de la colonisation ( « indéfendable et inepte » écrit-il), Claude Lanzmann s’oppose en revanche à l’abrogation de la loi Gayssot qui sanctionne le négationnisme. Selon lui, ce texte est « une garantie et une protection pour toutes les victimes ». Cette loi, ajoute-t-il, « n’est pas une limitation à la liberté de l’historien, mais se déduit au contraire de la rigueur propre à sa discipline : elle n’est rien d’autre que le rappel de l’obligation de vérité (…). Elle n’opprime personne, n’exerce nulle contrainte, elle défend des valeurs consubstantielles à la démocratie ». Et de conclure : « Qu’est-ce que cette angélique liberté des historiens ? Pourquoi cette sacralisation enivrée de leur discipline ? »

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