Amender, non abroger
Pierre Assouline a bien tort de s’enthousiasmer pour la pétition des historiens demandant l’abrogation, non seulement de l’article 4 de la loi du 23 février 2005, mais aussi de quelques autres : « Rarement un texte de ce genre aura été aussi limpide, sobre, univoque et direct. Ni lyrisme ni langue de bois : l’histoire aux historiens !«
Depuis quand a-t-on vu qu’une liberté était absolue, et ne s’arrétait pas où commençait celle des autres ? Ne pourrait-on au contraire paraphraser Clémenceau et énoncer que l’histoire est une chose trop sérieuse pour être confiée aux historiens ?
Les lois qui sont visées ont pour but d’apaiser la sensibilité d’une catégorie de la population, blessée de voir ses souffrances, ou celles de ses ancêtres, niées ou minimisées. Elles peuvent, par maladresse, aviver la souffrance d’autres catégories. Il faut dans ce cas les amender mais sûrement pas les abroger, au grand enthousiasme des négationnistes de tout poil.
Dans le cas présent, la mémoire des colonisateurs s’oppose à celle des colonisés. Je propose donc que l’Assemblée amende son texte et demande aux auteurs de manuels scolaires de bien vouloir décrire en détail les aspects « tant positifs que négatifs » de la colonisation.
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