Je peux témoigner que le principal grief que Philippe Séguin avait contre Jacques Chirac et Alain Juppé, du temps de la première cohabitation, tenait à leurs cumuls de mandats, inconcevables en tous pays démocratiques.
Jacques Chirac, nommé Premier Ministre en 1986, était resté Maire de Paris, Alain Juppé, ministre délégué au Budget, était resté Maire-adjoint, chargé des finances. Une des célèbres colères de Philippe Séguin se produisit un jour, en ma présence, lorsque saisi, en tant que Ministre des Affaires Sociales, d’une plainte d’un employé de la Ville de Paris contre celle-ci, Philippe Séguin s’écria furibard : » Vous me voyez condamner la Ville de Paris à payer une indemnité à ce brave homme, et être désavoué par le ministère des Finances et Alain Juppé ??? »
Il était de notoriété publique que ce cumul de mandats servait la future candidature de Jacques Chirac à l’Elysée, contre François Mitterrand. L’électorat ne fut pas dupe, et réélut François Mitterrand. Sans doute pouvait-on chicaner Philippe Seguin d’être resté Maire d’Epinal, et d’employer son épouse à son cabinet. Mais il n’y a aucune commune mesure entre ces péchés véniels et cet énorme scandale qu’aurait dû dénoncer la France entière, que le Maire de Paris soit aussi Premier Ministre ?!!! Imaginez-vous le Maire de Londres Premier Ministre de Sa Majesté, ou le Maire de New-York secrétaire d’État ?
Tous les ennuis judiciaires ultérieurs de Jacques Chirac et d’Alain Juppé découlent de ce « péché originel ». Il n’est pas indifférent que Philippe Séguin soit finalement devenu Premier Président de la Cour des Comptes, ce rôle de « redresseur de torts » lui allait comme un gant. La République en a-t-elle d’autres de sa carrure ?
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La Bible hébraïque présentée, traduite (8 versions) sur JUDÉOPÉDIA
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