La liberté, c’est quand on peut s’en aller
Un argument des partisans du « non » est que l’article II-70 du projet de traité constitutionnel pourrait être invoqué contre la loi française interdisant le voile islamique à l’école.
Article II-70 Liberté de pensée, de conscience et de religion
1. Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites.
2. Le droit à l’objection de conscience est reconnu selon les lois nationales qui en régissent l’exercice.
Il serait facile de faire remarquer que le port du voile islamique, comme de toute autre « signe ostentatoire », est une forme d »’objection de conscience » qui relève des lois nationales, que le port du voile est parfaitement libre en France, et n’est limité par la loi que
– pour des élèves le plus souvent mineures, à l’école publique
– et les fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions.
Loin d’être une arme aux mains des intégristes islamiques, l’article II-70 pourra au contraire être utilisé contre eux, puisqu’il garantit explicitement « la liberté de changer de religion ». Et il ferait beau voir que cet article ne soit pas problématique pour la candidature de la Turquie.
Le précédent de l’Eglise catholique est édifiant. Elle a eu toutes les peines du monde à admettre la liberté religieuse. Sur l’apport décisif de Jean-Paul II en ce domaine, on lira l’analyse que Raphaël Lellouche publie aujourd’hui sur
http://www.menapress.com/
« Karol Wojtyla : Derrière les apparences, un géant méconnu »
(…) Le sujet qui se distingue de ses propres fins ne peut plus être entièrement soumis à des institutions « substantielles » (ni artificielles ni naturelles !) qu’il n’aurait pas choisies en toute liberté. Ce qui vaut aussi bien vis-à-vis de l’Eglise elle-même comme institution sacramentelle.
Reprenant alors le personnalisme de Max Scheler et d’Edith Stein, en fondant une ontologie de la personne, (Jean-Paul II) a créé les bases d’une reconnaissance des droits de l’homme et de la liberté de conscience par le catholicisme moderne, et c’est cela qui lui a fourni son levier coulé dans l’acier pour aider les masses catholiques polonaises à renverser le communisme, et réconcilier l’Eglise avec la démocratie. (…) Il a fourni à l’Eglise la doctrine en béton qui lui a permis de repartir à la conquête spirituelle du monde.
La Devise de la République place la liberté avant l’égalité et la fraternité.
La déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen affirme de même la primauté de la liberté : Article 1er : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit.
Quant au Premier des Dix Commandements, c’est pour les Juifs, mais non pour les Catholiques (Exode 20, 2) :
Je suis YHWH, ton Dieu, Qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude, c’est-à-dire : Qui t’ai fait libre, Qui t’ai affranchi de tout esclavage.
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