Mendès-France avait raison
C’est aujourd’hui le premier jour de mon congé de retraite, qui sera effective le mois prochain. J’achève ma carrière d’Administrateur de l’INSEE comme je l’ai commencée, par un referendum. J’avais 23 ans. Frais émoulu de l’Ecole nationale de la Statistique (ENSAE), ma première affectation fut la section des « prix de détail » de l’INSEE. C’était il y a presque 43 ans, en septembre 1962, au moment où le Général de Gaulle, dans l’émotion qui suivit l’attentat du Petit Clamart, annonçait un référendum sur l’élection du Président de la République au suffrage universel.
Mon maître à penser était Pierre Mendès-France, et comme lui, je fis partie des 38% d’électeurs qui votèrent « Non ». Le principal argument qui emporta mon vote fut que la Constitution ainsi modifiée allait opposer les deux institutions issues du suffrage universel, le Président et l’Assemblée Nationale, et donner au premier, doté du droit de dissolution, une prééminence excessive.
Par la suite, je voulus bien admettre que l’élection au suffrage universel étant entrée dans les moeurs, il serait impossible de revenir dessus. Mais mon opposition s’est reportée sur le mode de scrutin, « deux candidats au deuxième tour », qui, cumulé avec le mode d’élection des députés (scrutin majoritaire à deux tours), a abouti à « couper la France en deux », alors que le projet initial de De Gaulle était de doter la France d’une monarchie élective, d’un Président « au dessus des partis », garant de la souveraineté nationale, et s’accommodant d’Assemblées de centre-droit ou de centre-gauche, selon la conjoncture politique. C’est l’importance du vote communiste à l’époque qui avait fait choisir ce mode de scrutin, que François Mitterrand, une fois l’alternance réussie, aurait dû réformer. Faute de quoi, nous en sommes arrivés à l’absurde second tour Chirac-Le Pen.
Les partisans du Non au référendum de dimanche prochain prétendent voter contre le projet de Constitution européenne. Ils votent en fait contre la Constitution de la 5ème République, modifiée en 1962, qui permet aujourd’hui à un Président mal élu de rester en place jusqu’à 2007 malgré les désaveux successifs du suffrage universel. Les électeurs se vengent comme ils peuvent, et tant pis pour nos partenaires européens !
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