Malhonnêteté intellectuelle
<< Courant mai, les journaux ont annoncé “75 millions d’habitants en France en 2050″, sur la base de projections réalisées par l’INSEE à partir du dernier “recensement”.
Jusqu’à présent, les recensements étaient aussi complets que possible : on interrogeait tous les gens que l’on pouvait contacter. Mais le “recensement” de 2004, réalisé par l’INSEE, n’est qu’un sondage. Il en résulte un biais méthodologique, que cet organisme garde évidemment sous silence. Les projections à partir de tels chiffres, surtout à 50 ans, sont sujettes à caution.
Le procédé consistant à remplacer un vrai recensement par un sondage relève de la malhonnêteté intellectuelle, car il n’y a plus de vérification possible. Le véritable recensement avait pour objet de recaler les estimations (plus ou moins fantaisistes) faites par les statisticiens ; désormais, ils pourront dire ce qu’ils voudront. Le chiffre de 75 millions d’habitants en 2050 est parfaitement fantaisiste. >>
Source : La lettre de la SCM (Société de Calcul Mathématique), n° 50, juin 2005.
L’argumentation n’est pas fameuse, parce que ces projections seraient mauvaises même si le recensement était bon. Mais il n’en reste pas moins que Bernard Beauzamy a raison : la France n’a plus de “véritable recensement”.
le 12 juillet 2005 à 13:12
Je suis surpris que ce fait (ce n’est plus un recensement) soit aussi peu souvent mentionné.
BB
le 12 juillet 2005 à 19:49
C’est un recensement.
Autant que je me souvienne, c’est le recensement de 1/5 ème de la population.
Après, il y a projections.
L’année suivante, c’est un autre 1/5 ème et ainsi de suite.
Ce qui fait qu’au bout de 5 ans, la population totale est recensée.
Pour ma part, j’y vois l’intérêt majeur d’une dynamique qui n’existait pas auparavant.
Personne n’a été pris en traître puisque la chose a été annoncée il y a plus de trois ans.
Alors, "malhonnêteté intellectuelle" est une expression un peu forte. D’autant qu’elle sous entend un volonté de l’INSEE de trafiquer les chiffres.
Pour avoir un peu fréquenté les gens de l’INSEE lorsque mon site sur les communes existait encore, je conteste ce sous-entendu et reste persuadé que les gens de l’INSEE sont foncièrement honnêtes.
LG
le 14 juillet 2005 à 12:54
"Remplacer un vrai recensement par un sondage relève de la malhonnêteté intellectuelle" dit le texte cité, l’honnêteté personnelle de mes collègues de l’INSEE n’est pas en cause.
Un "vrai recensement" est exhaustif et simultané. Le prétendu "recensement rénové" est étalé sur cinq ans, et ne porte que sur cinq fois 8%, soit 40%, de la population des communes de plus de 10 000 habitants. Grosso modo, sur 60 millions d’habitants, on ne "recense" donc que 30 plus 12 = 42 millions d’habitants, 8,4 millions par an. Je l’ai été moi-même l’an dernier.
Les choses étant ce qu’elles sont, je propose désormais de compléter ce "recensement rénové" par un dénombrement exhaustif quinquennal des assurés sociaux et de leurs ayant droit.
MLL
le 14 juillet 2005 à 20:06
Ce que j’écrivais sur mon site (maintenant disparu)
"Les grandes lignes du texte :
Nous passons d’un comptage exhaustif à un comptage par sondage. Le principe est d’appliquer une collecte "tournante" :
- Les communes de moins de 10 000 habitants sont réparties en cinq groupes et, chaque année, dans les communes de chacun des groupes, il sera procédé à un recensement classique.
- Dans les autres communes, les immeubles seront aussi répartis en cinq groupes. Chaque année, une partie des adresses de chaque groupe sera sélectionnée et l’ensemble de ces adresses recensé.
Chaque année, les statistiques permettront de fournir la population légale .
En cinq ans, l’ensemble du territoire aura été pris en compte."
Et j’ajoutais que le recensement "nouveau style" (annoncé dès 2002) débuterait en… janvier 2004.
Pourquoi cette réaction tardive ?
le 15 juillet 2005 à 8:31
Mon intervention d’Amiens, citée sur ce blog (12 mai), date de mai 2002, et n’est que l’une des manifestations de mon combat perdu pour faire modifier le projet de l’INSEE de “recensement rénové”. Ce billet a été simplement provoqué, comme je l’ai écrit, par la lecture de celui de Bernard Beauzamy (SCM, juin 2005).