Enseigner la morale
Dans sa chronique de cette semaine, Ivan Rioufol s’en prend aux “démographes officiels”, suspects de “s’efforcer d’occulter un nouveau peuplement que chacun peut observer”. Mais sa démonstration n’est pas convaincante, les citations qu’il fait n’étant guère contestables. En fait, Rioufol reproche aux démographes de ne pas traiter des bonnes questions, comme je l’avais fait moi-même dans Le statisticien face aux tabous, et dans A quoi servent les démographes?, ou, tout récemment, dans Plus de 200 000 immigrants par an.
“Ceux qui les contredisent (les démographes officiels) sont souvent marginalisés”, observe Rioufol. Chacun aura reconnu une allusion à Michèle Tribalat. Dans un article de juillet 2003 de la revue Cités, intitulé “Le nombre de musulmans en France : qu’en sait-on ?”, celle-ci concluait :
<< Ces chiffres permettent de relativiser des impressions souvent exagérées de l’importance possible des populations musulmanes, favorisées par la diffusion de chiffres reposant sur du vent. Mais la grande jeunesse de ces populations, la composition probable des flux migratoires dans les années qui viennent indiquent aussi que l’islam reste une question d’avenir en France. Cette perspective oblige la statistique publique à développer les outils adéquats de mesure des affiliations et pratiques religieuses. >>
Il s’agissait des musulmans, et non des immigrés, mais la conclusion est la même : ne posent problème ni le nombre de ces populations, qui n’est pas si grand que ce qu’on dit, ni leur fécondité, qui baisse rapidement ; le problème, c’est leur “grande jeunesse”, la forte proportion d’enfants, d’adolescents et de jeunes gens, et c’est l’”affiliation” de ceux-ci, c’est-à-dire leur adhésion aux normes morales, culturelles, sociales, civiques françaises. Or la seule solution, c’est de les leur enseigner, comme à tous les élèves de leur âge, qu’ils soient ou non immigrés ou musulmans.
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