Rétablir le Commissariat du Plan

Démographie et politique Ajouter un commentaire

Il faut sauver le soldat Etchegoyen

Dans l’indifférence générale, Dominique de Villepin vient d’annoncer la suppression du Commissariat du Plan et la destitution immédiate du Commissaire, Alain Etchegoyen, qui n’avait que critiqué cette décision. Cela me rappelle la façon cavalière dont Edouard Balladur avait naguère supprimé le CERC. Les mânes de Jean Monnet, Pierre Mendès France et Pierre Massé, héros de ma jeunesse, ont une nouvelle fois tressailli.

Dans un pays miné par la corruption, qui présente Bernard Tapie à l’admiration des foules, la suppression des organismes chargés d’éclairer les décisions économiques à long terme nourrit le soupçon que ces décisions ne sont pas déterminées par le seul intérêt général. Faut-il laisser le Canard Enchaîné rappeler que le Commissariat du Plan calcule le “taux d’actualisation”, qui devrait déterminer, en pleine lumière démocratique, quelle est la valeur des compagnies d’autoroute et des actions d’EDF mises sur le marché ? Ne reste-t-il que la Cour des Comptes pour certifier les comptes publics ?

L’ Article 15 de la Déclaration des Droits de l’Homme a quinze mots : << La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration >>.

3 ré:ponse à “Rétablir le Commissariat du Plan”

  1. Alain Etchegoyen a écrit :

    On supprime le Plan alors que, jamais, sous la dictature du court terme, on n’a eu autant besoin d’une institution qui fasse du long terme son horizon quotidien. La prospective sert à préparer l’avenir. Surtout quand les décisions sont urgentes.

    (Encore une dissolution aventureuse, ”Le Monde” du 3 novembre)

  2. Michel Volle a écrit :

    Nous ne sommes plus dans l’après-guerre, où il fallait reconstruire et où l’avant-guerre donnait donc de commodes repères. Ni à l’époque du Plan Marshall, où il fallait répartir la manne - ce qu’a fait Jean Monnet. Ni dans les années 60 et 70, où l’on croyait pouvoir éclairer la politique à moyen terme en utilisant des modèles et où l’on organisait autour des “chiffrages” la concertation avec les partenaires sociaux.

    Nous sommes dans une économie secouée par l’innovation, où la concurrence prend des formes surprenantes, où la maîtrise des ressources naturelles est soumise aux caprices de la géopolitique. Il est bien vrai que dans un tel contexte ce n’est pas d’un plan que l’on a besoin, mais d’une analyse stratégique. Donc ”a priori”, et sur le fond, je ne vois rien de condamnable dans ce que dit de Villepin.

    Par contre la forme est inquiétante car elle fait penser qu’il ne prend pas au sérieux sa propre décision. Annoncer cela lors d’une conférence de presse, ne pas consulter les experts, c’est mauvais signe - sauf si de Villepin a cru devoir faire cela à la hussarde pour éviter les barricades que la concertation aurait fait sortir du sol.

    Conclusion : si cela finit par nous doter d’une organisation convenable de la réflexion en stratégie économique, à la bonne heure. Mais nos gouvernants ne nous ont pas, jusqu’à présent, donné des signes du sérieux persévérant qu’une telle entreprise réclame.

  3. RP a écrit :

    L’idée d’un “conseil d’analyse stratégique” est la bonne, du moins à s’en tenir à l’intitulé. Mais :

    * je n’ai pas encore entendu théoriser cette apparente contradiction entre turbulence et stratégie, d’une manière qui permettrait de construire des outils appropriés (peut-être cela existe-t-il ?) ;

    * le silence médiatique laisse à penser que la problématique échappe grandement au corps social; il est rare qu’une institution décisive se construise sans un minimum de fondement - culture ou inquiétude - dans celui-ci ;

    * les résistances opposées au dispositif d’évaluation des politiques publiques (dont le secrétariat était tenu par le CGP) au point qu’il a fini par disparaître démontre que le souci stratégique n’est pas prégnant ;

    * le désordre gouvernemental croissant n’indique pas que les ministres, notamment le premier, ni leurs conseillers se soucient efficacement de l’avenir. En témoignent les combats de chefs (au PS, ce n’est pas mieux …), la création désordonnée d’observatoires dont on ne voit pas comment ils s’agencent sur ceux préexistants, la déliquescence de beaucoup d’administrations centrales, la LOLF qui aggrave plutôt les vices de l’annualité budgétaire, la conduite calamiteuse de la construction européenne, …

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