Qadich

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Ma cousine Adeline

(Première édition : jeudi 2 mars)

Ma cousine Adeline est décédée de la maladie de Hodgkin, hier 1er mars 2006, à Palo Alto en Californie, où elle avait rejoint ses deux filles. Née en 1927, elle était la fille de Maxime Polack, né en 1895 à Paris, arrêté à Nice, parti dans le 62° convoi de la déportation des Juifs de France de Paris-Bobigny, le 20 novembre 1943 à 11h 50, et assassiné à Auschwitz.

Adeline était la veuve de Bernard Suares, fils de l’éminent écrivain, peintre et cabaliste Carlo Suarès.

Adeline était la cousine germaine de Maurice Loebenberg, Cachoud dans la Résistance, torturé et assassiné à Paris, fin juillet 1944, et de Thérèse Tedesco, fusillée par les Allemands, en avril 1944, en Savoie.

Que leur mémoire soit bénédiction.

3 ré:ponse à “Qadich”

  1. Léon Poliakov zl a écrit :

    Souvenirs des temps passés, par Léon Poliakov

    (…) Tout allait changer en novembre 1942, lorsque les troupes anglo-américaines débarquèrent en Afrique du Nord (Maroc, Algérie). Peu après, Hitler ordonnait l’occupation de la France entière, à l’exception du Sud-Est, qu’il confiait à son allié Mussolini; or les généraux italiens protégeaient, de Grenoble à Nice, les Juifs, comme je l’ai relaté, dès 1946, dans mon premier livre. Il va de soi que de partout, ceux-ci affluaient dans la zone “italienne”. (…)

    J’ai décidé de partir pour Nice (…) où on ne trouvait plus de place dans les hôtels. De Grenoble, d’Aix-les-Bains, de Cannes, les Juifs affluaient à Nice. (…Mais) la ville était déjà aux mains des Allemands, et les sbires SS avaient toute latitude pour rafler les Juifs. La chasse à l’homme battait son plein. On se repassait de bouche en bouche des histoires tragiques ou tragi-comiques. (…) Pour ma part, j’eus la chance de dénicher, avenue Mirabeau, une mansarde payable 100F par jour à une certaine Mme Piguet. Après quoi, je m’empressai de prendre contact avec les EIF (Eclaireurs Israélites de France), les spécialistes, en ces temps, de l’aide aux Juifs traqués, à travers toute la France. Leur local était installé au 2e étage d’une tranquille maison de la rue Verdi, et l’on y accédait avec les précautions d’usage, à l’époque.

    Je fus reçu par le “patron”, Maurice Lobenberg, alias Maurice Cachoud, qui me résuma la situation comme suit: “Je fais partie d’une organisation de combat, et je sais ce que je risque. Il y a présentement à Nice, sur deux cent mille habitants, près de vingt-cinq mille Juifs… S’ils restent ici, ils finiront tous par être pris. J’ai de quoi fabriquer des “biffes” à la chaîne, puisque je possède une douzaine de tampons de mairies. Il faudra établir vingt-cinq mille fausses cartes d’identité et forcer tout ce monde à partir par train, camion ou bicyclette. Un quart, un tiers, seront pris en cours de route ? Bon. Nous serons repérés et pris nous-mêmes ? Bon. Nous sommes là pour cela. Autrement, quelle est notre raison d’être ? (…)”

  2. Michel Louis Levy a écrit :

    Caroline, la sœur cadette d’Adeline, nous a quitté le 2 décembre 2010, anniversaire d’Austerlitz. C’était aussi le premier jour de Hanouka. Austerlitz, le soleil d’Austerlitz, et Hanouka, fête des Lumières, ont ceci de commun de symboliser à la fois le courage au combat, la vaillance et la victoire, et les lumières de l’intelligence.

    Or la vie de Caroline a été une vie de courage, de vaillance, de lumière et d’intelligence. Du courage, il en fallait, à 14 ans, quand elle comprit que son Papa, Maxime Polack, arrêté à Nice en septembre 1943, déporté à Drancy puis à Auschwitz, ne reviendrait pas, victime de la même folie que sa cousine germaine, Thérèse Tedesco, fusillée par les Allemands en avril 1944 en Savoie, et que son cousin germain, Maurice Loebenberg, dit Cachoud, torturé et assassiné à Paris, fin juillet 1944, par ce qu’on a appelé la « Gestapo française ».

    De la vaillance, Caroline en fit preuve toute sa vie, en luttant contre de répétitives offensives de la maladie, dont elle sortait victorieusement, inébranlablement optimiste, si bien que nous étions nombreux à croire, avec quelque naïveté, qu’elle s’en sortirait toujours. Elle en fit preuve aussi dans sa jeunesse dans ses activités de scoutisme, aux E.I., les Eclaireurs Israélites, plus tard dans ses activités sportives, en accompagnant les équipes de hockey de son mari Henri, et en étant elle-même une joueuse confirmée et persévérante de golf.

    Quant aux lumières, ce ne sont pas seulement celles de l’intelligence, ce sont aussi celles des pierres précieuses. Sa Maman, Rachel Levin devenue Renée Polack, s’était lancée après la guerre dans le commerce des diamants. Épousant Henri, Caroline fit du montage des bijoux sa spécialité professionnelle, ce qui fait que son souvenir, pour nos familles, est lié à ce moment heureux du choix de bagues de fiançailles et d’alliances, choix pour lesquels elle prodiguait des conseils empreints de bienveillance, de compétence et de bon sens.

    Maxime Polack, le Papa d’Adeline, Caroline et Jean, avait été l’un des fondateurs de la synagogue de la rue de Montevideo, où se sont perpétuées les traditions ashkenazes des Juifs orthodoxes d’Europe centrale. C’est là que Caroline et Henri s’étaient mariés en 1953. C’est en pensant à Maxime, à son épouse Rachel, à ses filles Adeline et Caroline, que nous allons dire le Qadish, dans la prononciation ashkénaze. Que leur mémoire soit, pour tous leurs descendants, pour nos familles et pour nous tous, une source de bénédictions.

  3. Lobenberg sybille a écrit :

    Je suis Sybille Lobenberg, la fille de Michel Lobenberg
    J’ai compris que vous connaissiez bien la famille, j’aimerais en savoir plus.
    J’espère vous lire
    Bien a vous

    Sybille Lobenberg

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