Sophie et Madeleine

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Enfant légitime, Roi légitime

La prochaine sortie du film tiré du Da Vinci Code, ainsi que l’orchestration médiatique de la publication de l‘Evangile de Judas, remettent sur le devant de la scène les Evangiles gnostiques, dont on discute à perte de vue la chronologie, la langue originelle, la date de leur rejet par l’Eglise, etc. etc.

Il faut donc rappeler :

1. La rencontre des sagesses hébraïque et grecque remonte au temps d’Alexandre le Grand, disciple d’Aristote. Elle est au fondement de la civilisation “hellénistique”, marquée par la dynastie des Ptolémées, ou Lagides, régnant en Egypte, et celle des Séleucides, régnant sur un vaste territoire allant de la Syrie à la Mésopotamie. A celle-ci mettra politiquement fin Pompée, à celle-là Jules César. Mais l’empire gréco-romain, selon l’expression de Paul Veyne, ne fait que “mondialiser” en latin la culture hellénistique.

2. Il existe bien un “code de la Bible”, qui n’a rien à voir avec les élucubrations de Michael Drosnin et qui n’a rien de secret : c’est l’ordre alphabétique de l’alphabet hébreu, très proche du nôtre, à la base de la numérologie hébraïque dite “guématrie“.

3. Le mot “gnose”, en grec, signifie “connaissance”. En hébreu le verbe “connaître”, YDŒ, Yod Dalet Ayin, a le double sens de “savoir” et de “féconder”, en parlant de l’union conjugale, d’où l’expression “Connaître au sens biblique“.

4. Sagesse se dit Sophia en grec et EKMH, ‘Hokhmah, en hébreu : EKM, ‘Hakham, le Sage, est souvent traduit par “Sophiste”. Il y a plusieurs livres de “sagesse” dans la Bible hébraïque, dont Qohelet, transcrit par “Ecclésiaste”.

5. La traduction grecque de la Bible hébraïque, dite des Septante, inspire toute une littérature, mi-hébraïque, mi-grecque, fondée sur les personnages et épisodes bibliques depuis Adam, qu’on peut qualifier de “gnostique”. Une partie en sera intégrée, avec divers flottements, au “canon” chrétien : compléments grecs aux livres d’Esther et de Daniel, Siracide (Ecclésiastique), livres de Tobie, Judith, Macchabées I et II, Baruch… Une autre partie, qui ne le sera pas, est qualifiée d’”intertestamentaire” : livres d’Hénoch (ENWK), des Jubilés, manuscrits de la Mer Morte…

6. Comme en tout temps, les mystères de la paternité alimentent la curiosité publique, notamment quand il s’agit des successions dynastiques ; les incestes frère-soeur des Ptolémées, la légitimité de Césarion, fils de César et Cléopâtre, les amours de Titus, profanateur du Saint des Saints, et de Bérénice, princesse hasmonéenne, ne sont que quelques-uns des scandales de l’époque…

7. Myriam (MRYM), soeur aînée de Moïse (MSH, Moché), qui joue le rôle essentiel quand celui-ci est “sauvé des eaux” (Exode 1,15 à 2, 10), est, selon la tradition talmudique, le prototype de la sage-femme, qui extrait l’enfant de sa mère et en voit la première le sexe.

8. Tamar (TMR), qui se déguise en prostituée en Genèse 38, et Rahab (REB), la prostituée (ÇWNH, Zonah) de Jéricho, qui reçoit les espions envoyés par Josué (Josué 2), figurent toutes deux dans la lignée d’Abraham à David et à Jésus-Christ, qui ouvre l‘Evangile selon Matthieu.

9. MGDL, Migdal, de GDWL, Gadol, grand, désigne en hébreu une tour. Sont notamment connues la Tour de Babel MGDL BBL, Migdal Babel et celle de Sichem (SKM, Chkh’m), dans l’épisode d’Abimélech (Père-Roi) (Juges 9, 46-49). Plusieurs lieux dotés d’une tour ou d’une grande pyramide s’appellent Migdal ou Magdala (MGDLH).

10. L’”Evangile de Philippe” et l’”Evangile de Marie-Madeleine”, utilisés dans le “Da Vinci Code”, tout comme l’”Evangile de Judas”, récemment publié par le National Geographic, font partie des écrits gnostiques connus depuis longtemps, qui excitent les amateurs d’énigmes généalogiques prétendûment historiques.

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