Lutter contre l’obscurantisme
(Première édition : dimanche 5 mars)
Une phrase incroyable dans un article sur l’affaire Fofana, dans Le Monde daté 5-6 mars p. 10 : Aucun propos antisémite n’a été tenu au cours de ces contacts (entre Fofana et Daniel, père d’Ilan Halimi), malgré l’accent mis sur la solidarité de la communauté juive, censée payer pour Ilan Halimi.
Mettre l’accent sur la solidarité de la “communauté” juive, c’est antiSémite. Toute généralisation sur “les Juifs”, même positive (les Juifs sont riches, intelligents, solidaires…), c’est antiSémite ! Qu’on puisse discuter la qualification d’antisémitisme retenue par la justice, ergoter sur le retentissement inégal accordé aux “faits divers” selon que la victime est juive ou non, chicaner sur la venue du Président de la République dans une synagogue, etc. montre le degré d’inculture et de perversion dans lequel retombe la société française.
Cela commence par la perversion du langage : Au Commencement est le Verbe ! Tout le monde devrait savoir - et tous les professeurs de français et de catéchisme devraient enseigner - que Sem, ou ‘Chem, en hébreu, c’est le Nom. Le mot “Sémite” vient de Sem, ou Chem, fils aîné de Noé et ancêtre selon la Bible (Genèse 10, 21-31) de Héber, qui donne son nom aux Hébreux et à l’hébreu, langue dans laquelle est précisément écrite cette Bible, cette Torah. << Quant à Chem, SM, c’est le Premier Nom transmis par un Juste, NE, Noah, que nous appelons Noé, à son fils Sem, d’où viennent Sémite et AntiSémite >>, écrivais-je il y a dix-sept ans, dans une Leçon de théologie, publiée dans la revue Commentaire”.
L’anti-sémitisme, au sens premier, c’est l’hostilité à quelqu’un pour la simple raison de son nom : si je dis du mal de quelqu’un parce qu’il s’appelle Benladen, Fofana ou Lévy, alors je fais preuve de cet anti-sémitisme là. Mais il n’y a là que péché véniel : aucune blague, même idiote, sur les Belges, les Auvergnats ou les Corses n’a jamais tué personne. Tandis que l’hostilité aux Juifs, et même la simple désignation, avérée ou non, de quelqu’un comme juif, a déjà conduit à d’innombrables crimes, dits précisément “antisémites”, et cela depuis bien avant les Croisades, les pogroms et la Shoah.
Le nom Juif, yehoudi en hébreu, est formé sur le Nom de Dieu, YHWH, que les ignorants transcrivent en Jéhovah ou en Yahvé. Un “juif”, c’est un “jéhovien” ou un “yahviste”, pour prendre des mots qui n’existent pas.
Troisième Commandement (Exode 20, 7) : Tu ne prononceras pas le Nom de Yahvé ton Dieu (AT-SM-YHWH ALHYK, Et’-Chem-Adonay Eloeykha) pour mentir, car Yahvé ne laisse pas impuni celui qui prononce Son Nom pour mentir. De là, les Juifs ont déduit qu’ils ne devaient jamais prononcer le Nom de YHWH. Quand on le rencontre, écrit dans le Texte biblique ou dans quelque bénédiction, on dit Elohym, qui signifie “dieux” au pluriel, Adonay, MonSeigneur en égyptien, ou encore haChem, le Nom.
Le Nom de Dieu, YHWH, est imprononçable, parce que le Concept de Dieu est ineffable : aucun mot ne peut en épuiser le sens. On ne peut l’aborder qu’avec “crainte et tremblement”. Mais le nom de “juif”, “jehovien”, est aussi à manier avec précaution : il ne dit rien sur la conception que celui auquel on l’applique se fait de YHWH. Je ne sais plus quel Sage a dit : Les Juifs sont des gens comme tout le monde : et même un peu plus. Ilan Halimi zl était juif, et alors ? Sait-on s’il observait Chabbat, s’il mangeait cachère, s’il allait à la synagogue, s’il voyageait en Israël ? et d’ailleurs, quelle importance ? ce qu’on sait, c’est que ses assassins l’ont désigné comme juif. Faut-il leur pardonner, “parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font“ ?
Tous les professeurs de français et de catéchisme devraient savoir et enseigner tout cela. Il ne s’agit pas de religion, il s’agit de “culture générale”. Tant qu’ils ne le feront pas, et tant que j’en aurai la force, je continuerai à consacrer cette rubrique ” Concordances” à expliquer le peu que je sais, et à lutter contre l’obscurantisme.
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