La théorie de la parenthèse

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L’exemple de Bajazet II

De bons esprits, nombreux dit-on au Quai d’Orsay, cultivent en France la “théorie de la parenthèse”, selon laquelle l’Etat d’Israël, fondé en 1948, est destiné à disparaître à vue humaine. La présence d’un Etat juif au Proche-Orient ne serait ainsi qu’une parenthèse de l’histoire, comme le fut en son temps le Royaume latin de Jérusalem fondé par les Croisés.

L’existence pérenne de l’Etat d’Israël n’est certes pas définitivement assurée. Il n’était que d’entendre, l’été dernier, les vociférations du Président iranien Ahmadinejad et du chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah pour comprendre que le terrorisme envers les civils d’Israël et l’hostilité des Arabes et Musulmans de Palestine et des pays voisins cherchent à provoquer la démoralisation complète des Israéliens, et leur émigration massive, prélude à la mise en place d’une souveraineté arabe sur tout le territoire de la Palestine.

Cette émigration éventuelle, vers l’Europe et les Etats-Unis, supposerait cependant l’absence totale d’antisémitisme et de xénophobie dans les pays de destination, devenus par hypothèse accueillants à l’immigration, juive en particulier. Les tenants de la théorie de la parenthèse ne manquent donc pas 1. de dénoncer une prétendue paranoia juive, qui verrait de l’antisémitisme là où il n’y en a pas, 2. de vanter dans la foulée la prospérité, forcément insolente, des Juifs en Occident et 3. de banaliser la Shoah, épisode sans doute regrettable, exagéré au demeurant, mais malheureusement propre de la nature humaine, comme le montrent les génocides récurrents dont furent victimes au 20ème siècle les Arméniens, les Cambodgiens, les Tutsis du Rwanda, pour ne pas parler des persécutions accablant les Tziganes ou les homosexuels…

Il faut donc dire et répéter que la présence juive a toujours et partout été un facteur de développement économique et culturel, et que les pays qui ont chassé ou persécuté les Juifs n’ont fait qu’aggraver leurs problèmes. Il faut rappeler le mot attribué au Sultan de l’Empire Ottoman, Bajazet II, accueillant à Constantinople les Juifs chassés d’Espagne par le Décret d’Alhambra : ” On m’assure que Ferdinand d’Espagne est un homme sage, mais c’est un imbécile. Car il s’est pris son trésor et me l’a tout envoyé !

Accueillir les communautés juives, favoriser leur prospérité, c’est là un exemple dont devraient s’inspirer tous les chefs d’Etat, musulmans en particulier. Quand il y aura deux Etats en Palestine, ils signeront des “accords d’établissement” permettant d’offrir aux Arabes de l’Etat juif et aux Juifs de l’Etat arabe le choix entre les deux nationalités. Nous n’en sommes pas là. C’est en tout cas la responsabilité de tous ceux qui ont accès à la parole publique, aujourd’hui les candidats à la Présidence de la République française, que de s’exprimer en ce sens.

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2 ré:ponse à “La théorie de la parenthèse”

  1. Cracoucass a écrit :

    La "théorie de la parenthèse" est sans aucun doute hautement criticable. Concevoir la disparition de l’état d’Israël comme la solution des troubles au moyen-orient constitue une option radicale et unilatérale inacceptable. Le fait est qu’aujourd’hui cet état existe, et rien ne sert de s’interroger longuement sur les raisons ou les circonstances de sa création. Ce n’est pas en réécrivant l’histoire qu’on résoud les problèmes du présent.

    Il serait exagéré de considérer qu’Israël est la seule source des difficultés et le seul vecteur de violence au Moyen-Orient. Il s’agit d’un état qui existe, c’est un constat. Il s’agit d’un état qui a le droit d’exister. Il est par contre scandaleux que cet état appuie son droit à l’existence sur le martyr des peuples voisins.

    Ce qui pose problème, ce sont les gouvernements. Le gouvernenemnt d’Israël pose problème, comme celui de l’Iran, par leurs comportements et leurs politiques extrêmistes. Israël a le droit d’exister, poser la question est fantaisiste, mais l’état Palestinien a également le droit d’exister, tout comme les état voisins ont le droit d’exister sans qu’Israël ne vienne régulièrement les frapper pour entretenir sa prétendue "sécurité" - entretenant surtout par là son insécurité. Si la violence pouvait apporter la moindre forme de solution, ça se saurait, depuis 60 ans.

    On peut gloser sur l’existence d’un état spécifiquement juif, mais la société israélienne présente une diversité suffisante pour qu’on puisse l’imaginer vivant en paix avec ses états voisins. L’état israélien en a-t-il la volonté, c’est une autre question.

    En revanche, je trouve spécieux cette façon de considérer que les juifs sont systématiquement vecteurs de richesse pour les régions qui les accueillent.

    Il est aujourd’hui faux et pernicieux de considérer le "peuple" juif comme une unité, que cela soit pour l’encenser ou pour le persécuter. Si la collaboration entre Israël et un état palestinien est mise en place, nul doute que les deux pays auront bien des bénéfices à en retirer. Tout le moyen-orient aurait intérêt à le comprendre, à commencer par les dirigeants iraniens et israéliens. Malheureusement, ils sont aujourd’hui la source de toutes les menaces.

  2. Michel Louis Levy a écrit :

    “Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.” (Evangile de Jean, 4, 22)

    “Si l’on parle du “peuple juif”, on emploie la notion de “peuple” en un sens qui ne vaut que dans ce seul cas.” (Raymond Aron, ”Mémoires”, p. 503)

    Sur le “peuple juif”, voir :

    http://www.cdweb.com/mll/Textes/assaf.htm

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