Le tabou, encore…

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La statistique en temps réel, c’est possible

L’ Edito du Monde de ce soir, intitulé “Non-inscrits, le tabou” se termine ainsi :

Enfin, les nouvelles inscriptions ne lèvent pas un étrange tabou : actuellement, personne ne connaît - ou ne souhaite rendre public - le nombre précis des exclus du droit de vote en France, c’est-à-dire la différence entre le corps électoral théorique (les Français de plus de 18 ans non privés de leurs droits civiques) et le corps électoral réel. Récemment encore, le ministère de l’intérieur évoquait pudiquement le chiffre de deux millions de non-inscrits. D’autres estimations tablaient sur trois, quatre, voire cinq millions. L’Insee, qui centralise le Fichier général des électrices et des électeurs, invoque des difficultés statistiques. Elles existent. Mais pas au point de justifier un tel “secret-défense” sur ces données. En réalité, tout se passe comme si les responsables locaux (à quelques exceptions près) ou nationaux redoutaient de voir débouler dans le jeu électoral des cohortes de citoyens “hors système”. Cette opacité a quelque chose de choquant.” (Article paru dans l’édition du 30.03.07).

J’avais publié dans Sociétal, après l’élection présidentielle de 2002, un article intitulé Le statisticien face aux tabous, qui reprenait, face au recensement rénové de l’INSEE, mis en oeuvre depuis, ma proposition de créer un répertoire permanent des ménages :

Il est temps de créer un répertoire des ménages et des communautés, qui serait mis à jour “ en temps réel ”, grâce à l’utilisation, sous le contrôle de la CNIL, des fichiers dûment régionalisés
- de l’INSEE – recensement rénové, collationnement de l’état civil, répertoire individuel organisé autour du numéro de Sécurité sociale, fichier électoral,
- du fisc (impôt sur le revenu, taxe d’habitation)
- des trois grandes caisses nationales de Sécurité sociale, maladie, vieillesse, famille,
- et des changements d’adresses gérés par La Poste et/ou Electricité de France.

Un recensement général de la population, tous les cinq ans, limité à des questions élémentaires d’état civil, de liens familiaux, d’adresse et de statut professionnel, administré par voie informatique ou postale dans une majorité de cas, vérifierait la qualité du répertoire des ménages. Des agents recenseurs seraient concentrés sur les points faisant problème : immeubles et logements ayant récemment changé d’affectation, communautés, “population comptée à part”, populations défavorisées, comme SDF et RMIstes…

Ce projet simplifiera les formalités administratives et l’accès aux prestations sociales et devrait obtenir l’assentiment de la population, qui en comprendra le bien-fondé. La transparence des répertoires, c’est-à-dire la possibilité pour chacun d’en vérifier le contenu et de le corriger au besoin, dédramatisera utilement l’usage des fichiers informatiques, qui devraient devenir aussi familiers qu’aujourd’hui celui des registres d’état civil.

Fasse “l’état de grâce” de notre prochain(e) Président(e) rendre possible un tel projet !

Voir aussi
L’important, c’est le registre.

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