La mondialisation hellénistique

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Article “Époque hellénistique” (Extrait)
Wikipédia (Article de Qualité)

Les dirigeants grecs se refusent à apprendre les langues locales et imposent le grec comme outil de communication dans les domaines fiscaux, administratifs, militaires et politiques. Cléopâtre VII, qui parle de nombreuses langues est, semble-t-il, une exception chez les Lagides. Plus révélateur du processus d’hellénisation est l’usage précoce chez les élites égyptiennes, d’Asie Mineure et juives du grec (la koinè, la langue grecque commune). Ce phénomène avait d’ailleurs débuté dès le IVe siècle av. J.-C. en Asie Mineure avant même la conquête d’Alexandre le Grand. Dans les royaumes périphériques au monde hellénistique (Cappadoce, Pont, Commagène, Parthie), les souverains cherchent fréquemment à prouver leur philhellénisme et communiquent, au moins avec leurs sujets hellénisés, en grec. Certaines langues anatoliennes disparaissent, du moins dans les documents écrits. Ainsi le grec devient progressivement la langue de communication politique, administrative, diplomatique et culturelle.

Il arrive même à se maintenir pendant un certain temps là où la domination politique du monde hellénistique n’est plus qu’un souvenir. Ainsi en est-il du nord-ouest de l’Inde ou de l’Asie centrale. Sur le site d’Aï Khanoum sur l’Oxus (Amou Daria) en Bactriane, on a retrouvé les restes d’une trésorerie royale, d’archives rédigées en grec. Autre exemple révélateur à Alexandrie d’Arachosie (actuelle Kandahar) où vit une population fortement cosmopolite et qui tombe à la fin du IVe siècle av. J.-C. sous la domination de la dynastie des Mauryas, premiers unificateurs de l’Inde. Le plus célèbre des souverains de cette dynastie, Açoka, fait graver ses édits dans l’ensemble de son empire. Plusieurs de ceux-ci sont retrouvés à Alexandrie d’Arachosie en araméen mais surtout en grec, dont l’un où l’empereur expose ses principes bouddhiques.

Si l’adaptation des édits d’Açoka s’adresse aux Grecs qui vivent dans son royaume, d’autres textes traduits en grec sont destinés à des non-Grecs. Ainsi en est-il de la Torah (connue aussi sous le vocable de « Bible des Septante » car attribuée à 70 traducteurs), qui est traduite de l’hébreu en grec vers le IIIe siècle av. J.-C., initiative attribuée au roi Ptolémée II, qui souhaitait que les tribunaux possèdent un code en grec pour rendre la justice aux Juifs de ses États selon leur Loi. Le fait que la Torah soit lue en grec dans les synagogues est un excellent indice de la pénétration de cette langue chez les Juifs de la diaspora.

À l’époque classique, la langue grecque était divisée en de nombreux dialectes souvent constitutifs de l’identité d’une région (béotien, ionien, arcadien, etc.) mais lors de la période hellénistique, celle qui s’est imposée de la Méditerranée à l’Indus est la koinè issue de l’ionien-attique. Les anciens dialectes perdurent cependant en Grèce, y compris sur les documents officiels mais partout ailleurs s’impose la koinè. C’est dans cette langue que sont rédigées les œuvres des auteurs, d’origine grecque ou non, de la période hellénistique. Le grec dit « classique » est en fait une création de l’époque hellénistique fondée sur l’héritage athénien de l’époque classique.

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