Extrait de « Tout connaître du dedans »,
analyse par Roger-Pol Droit
du livre de Michel Bitbol
« De l’intérieur du monde. pour une philosophie et une science des relations »
Flammarion, Bibliothèque des savoirs
LE MONDE des livres, 5 mars 2010, p. 6
Ainsi, nous avons l’habitude de penser qu’un fils existe parce que son père l’a engendré. Aussi croyons-nous évident que le père doive exister d’abord, comme un élément premier. Le fils en provient, comme un effet suit d’une cause. Pourtant, rien n’interdit de voir la situation tout autrement : c’est en effet la naissance de l’enfant qui fait de cet homme un père, et donc en un sens le crée, « en tant que père ». Sans père, pas de fils, mais aussi : sans fils, pas de père ! Ils se produisent l’un l’autre, en interdépendance, et aucun ne préexiste à cette interaction.
Il se trouve que cet exemple est emprunté par Michel Bitbol au grand logicien bouddhiste de l’Ecole du Milieu, Nagarjuna. »
De même Abram et Saraï, quand ils apprennent que celle-ci est enceinte, changent de nom pour devenir Abraham et Sarah. Quand Elohim demande à Abraham de lui « rendre » Isaac, de le sacrifier, il accepte. Ce faisant, il reconnaît ainsi Celui dont il tient l’enfant. Et comme celui-ci, qui s’appelle Yts’haq, « On rira », l’appelle aby, « mon père », et que lui répond bény, « mon fils », (Genèse 22, 7), ils se sont aussi reconnus mutuellement et simultanément.
Voir « Le Nom, le Nombre, l’État »
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Démographie, Bible et société
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