Des relevailles à la purification
Comme la galette des Rois, les crêpes de la Chandeleur sont une tradition vivace. Cette habitude provient de la fête de la Purification de la Vierge, dite aussi Présentation de Jésus au Temple, célébration dont l’origine se trouve au chapitre 12 du Lévitique.
La Torah ordonnait un sacrifice au Temple de Jérusalem de deux tourterelles pour célébrer les relevailles de la jeune accouchée, 40 jours après la naissance d’un garçon et 80 jours après la naissance d’une fille. L’application de cette loi étant devenue impossible après la destruction du Temple, il est vraisemblable que la coutume se soit perpétuée de fêter les relevailles de la mère soit à domicile, soit à la synagogue du lieu. Selon l’Evangile de Luc (2, 22-24), les parents de Jésus ont respecté cette loi et se sont conformés ainsi à “la Loi de Moïse”. Mais il y a dans ce texte confusion entre le sacrifice des relevailles au 40ème jour et celui du “Pidyon”, du “rachat du Premier-né”, à la fin du premier mois de l’aîné des garçons (Nombres, 18, 15).
On touche là au cœur du processus de fondation et de différenciation du judaïsme rabbinique et du christianisme ancien. En suivre le cheminement supposerait qu’on puisse reconstituer les rites de la naissance et du solstice d’hiver pratiqués en Judée et dans l’Empire Romain au tournant de l’ère chrétienne, ainsi que les légendes et midrashim qui leur donnaient sens. Mais il ne faut pas compter pour cela sur les textes et auteurs juifs ou chrétiens, dont l’objet est au contraire de définir les pratiques orthodoxes et de mettre en garde contre celles des autres : hors de la circoncision, il n’est pas de juif, hors de Jésus, il n’est pas de chrétien. De plus, dans ces domaines touchant à la sexualité et à la procréation, une pieuse censure s’est toujours exercée.
Seules des recherches “laïques” permettraient d’éclairer les pratiques “judéo-chrétiennes” des premiers siècles et leurs transformations successives. Comment les deux tourterelles sont-elles devenues chandelles puis crêpes ? Et comment se sont conservées la “Fête des Garçons” du judaïsme tunisien et la Chandeleur des pays chrétiens, toutes deux célébrées ce samedi 2 février ?
Voir aussi :
Les Relevailles de la Chandelur
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